Modèles productifs
Le début du XXème siècle est marqué par d’importants progrès dans
les milieux productifs. Outre les avancées technologiques (démocratisation
de l’électricité, apparition de l’automobile, télécommunication), l’évolution
de l’organisation du travail a eu une grande inuence sur l’architecture. Fre-
derick Taylor l’a notamment dénie suivant deux dimensions9. La dimen-
sion verticale qui distingue la conception et la production et la dimension
horizontale qui décompose les taches. Cette clarication a engendré une
distinction des affectations au sein des complexes économiques. L’archi-
tecture devient organisationnelle. Le fonctionnement industriel n’est pas le
même au milieu du XIXème qu’au milieu du XXème. Pour simplier, nous par-
lerons de manufactures (un établissement où la qualité de la main-d’œuvre
est primordial) et d’entreprises pour distinguer ces deux modèles, représen-
tatifs des deux époques.
Le fonctionnement productif des complexes est régi par la catégorie éco-
nomique de l’entreprise. De tout temps celle-ci a su s’approprier les terrains
dont elle disposait. On retrouve donc toutes les catégories industrielles
dans les deux types d’îlots étudiés (atelier, usine, imprimerie, manufacture,
minoterie, distillerie, etc.). Le fonctionnement productif est interdépendant
de la typologie bâtie et de la surface disponible, mais non de la situation
parcellaire.On discerne trois modèles productifs : la production séparée, la
production verticale et la production linéaire.
9 CAIRE, G., Lecture du taylo-
risme, Revue de l’Économie
Sociale n°3 et 4, 1985
10 Le complexe de grande
taille abrite un ensemble de
bâtiments disposant chacun
d’un rôle spécique. Les
différents corps de produc-
tion sont répartis les uns à
côté des autres de manière
à suivre le processus de ré-
alisation. La production des
éléments est réunie sur une
partie du site, l’assemblage
est disposé sur l’autre. Les
différents magasins suivent
le cheminement du produit,
les stocks sont éloignés du
parcours.
11 C’est le cas pour l’huile-
rie de tournesol Deffaux,
anciennement située rue
Rnasfort à Molenbeek.
En terme de production verticale, le processus se ré-
sume généralement à un produit par bâtiments. Les
manufactures de pianos illustrent bien ce procédé.
Les étages supérieurs étaient destinés aux travaux
de précision (systèmes mécaniques et éléments dé-
coratifs). La partie acoustique était réalisée à l’étage
intermédiaire (cadre et cordes). Le rez-de-chaussée
était occupé en partie par la fabrication des struc-
tures, et l’assemblage du produit ni. Ces derniers
niveaux étaient plus couramment mécanisés.
L’usine mécanique Bolinck est un exemple de pro-
duction séparée10. Ce schéma d’implantation rap-
pelle celui du campus et accorde une place impor-
tante aux « rues » extérieures. L’industrie requiert ici
une grande surface économique ce qui lui permet de
faire face aux régulières évolutions technologiques.
Cependant l’expansion urbaine a eu raison de cette
convoitise terrienne et peu de ce type de complexe
est encore présent aujourd’hui dans le tissu urbain.
La production linéaire implique plusieurs
bâtiments bas, souvent interconnectés.
Ce modèle est précurseur de la chaine de
production, très largement démocratisé
au milieu du XXème siècle11. Ce processus
peut aussi exister dans des complexes à
étages. C’est le cas pour la chocolaterie
Antoine où chacun des étages des deux
bâtiments de production fonctionnaient
en pair.
Séparé
Vertical
Linéaire
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